Étampes : mère d’un enfant autiste, elle sollicite un logement social depuis six ans

Maman d’un petit garçon qui réclame une surveillance constante et ne lui permet pas de travailler, Mélissa Rahenintsoa demande un appartement à loyer modéré et sécurisant.

 Etampes, le mercredi 14 novembre. Mélissa Rahenintsoa demande un logement social depuis 2012.
Etampes, le mercredi 14 novembre. Mélissa Rahenintsoa demande un logement social depuis 2012. LP/Marie-Charlotte Dutheil

    Dans sa voix, la colère le dispute à la lassitude. « Je n'en peux plus, je suis à bout », répète-t-elle à plusieurs reprises. Âgée de 36 ans et en recherche d'emploi, Mélissa Rahenintsoa sollicite depuis six ans un logement social à Étampes, où elle réside avec son compagnon et leurs quatre enfants. Sans succès, jusqu'à présent.

    Il faut dire que sa situation est complexe. Car l'un des fils du couple, âgé de 4 ans, est atteint de troubles autistiques importants, et nécessite une surveillance continue. « J'ai une formation d'assistante maternelle et je voudrais travailler, mais l'école n'accepte mon petit garçon que trois fois deux heures par semaine, et la crèche deux fois deux heures et demie, détaille-t-elle. Dans ces conditions, comment puis-je exercer ma profession ? Je suis obligée de rester à la maison, et notre loyer de 850 € est trop élevé pour nous. »

    Son fils a « failli se défenestrer »

    Sans compter que le trois-pièces où réside actuellement la famille est trop exigu pour les six personnes qui la composent, et inadapté à ses besoins spécifiques. « Nous sommes six, il nous faut au moins un T4, explique Mélissa Rahenintsoa. Et, du fait de la maladie de mon fils, qu'il s'agisse d'un rez-de-chaussée, parce qu'il a failli se défenestrer de notre précédent appartement, et que je ne veux courir aucun danger. »

    C'est ce dernier point qui a poussé la jeune femme et son compagnon à refuser le logement social, situé au quatrième étage d'un immeuble de la Croix de Vernailles, qui leur a été proposé par la ville, en mai 2017. Et la volonté de ne pas s'éloigner du Centre d'action médico-sociale précoce « Les Boutons d'or », qui suit leur fils, qui les a conduits à décliner l'offre de HLM à Briis-sous-Forges, qui leur a été formulée il y a quelques mois.

    Etampes. La famille soutenue par l’opposition municipale et des parents d’élèves ont manifesté devant la mairie il y a un mois./DR
    Etampes. La famille soutenue par l’opposition municipale et des parents d’élèves ont manifesté devant la mairie il y a un mois./DR LP/Marie-Charlotte Dutheil

    « En l'état actuel des choses, sa mère ne peut pas travailler »

    « Nous pouvons assurer une continuité du suivi, mais cela implique pas mal de changements et de déplacements pour ce petit garçon, atteint de troubles importants, confirme un membre de l'équipe de la structure. Ce qui est certain, c'est qu'en l'état actuel des choses, sa mère ne peut pas travailler, et que l'appartement qui leur sera proposé doit impérativement être en rez-de-chaussée et ne pas donner sur la rue, sans quoi, il se verra contraindre de vivre dans un monde de verrous. »

    Ces dernières semaines, la mobilisation s'est organisée, autour de cette famille. L'équipe des Boutons d'or a écrit à la ville pour l'alerter sur la situation. Une manifestation s'est par ailleurs tenue sur la place de l'hôtel de ville, à la veille des vacances de la Toussaint, et les élus d'opposition du conseil municipal annoncent avoir l'intention d'interpeller le maire.

    La mairie suit le dossier de près

    « Nous avons également écrit à la propriétaire de Madame Rahenintsoa et de son mari, pour lui demander de faire des travaux dans leur appartement, qui n'est pas aux normes », indique Aline Garnier, du groupe « Étampes en commun ».

    Contactée, la mairie affirme que ce dossier est suivi de près par ses services, « ainsi que par une assistante sociale du conseil départemental et par la préfecture ». « Malheureusement, poursuit l'un de ses représentants, nous n'avons aucun T4 disponible actuellement, et les critères de cette famille sont très précis. Peut-être devrait-elle accepter un appartement en hauteur, et y faire effectuer des travaux de sécurisation, parce que par les temps qui courent, il est plus facile de réaliser des aménagements que de trouver un logement. »