Quels programmes pour le nouveau lycée ? La réforme qui doit prendre effet à la rentrée 2019 verra la disparition des filières S, ES et L au lycée général au profit de « modules » de spécialité. Ceux-ci seront laissés au choix des élèves, trois en première et deux en terminale. Les projets élaborés par le Conseil supérieur des programmes sont disponibles en ligne pour ce qui concerne le « tronc commun » de seconde et de première et les enseignements de spécialité pour l’année de première seulement.
Une consultation de la communauté éducative a été organisée par Internet, jusqu’au 20 novembre. Les projets, désormais entre les mains de la direction générale de l’enseignement scolaire, peuvent encore être amendés à la marge pour tenir compte des résultats de la consultation, mais aussi de demandes syndicales. Le ministre de l’éducation nationale présentera les programmes définitifs du lycée à la fin du mois de décembre.
Le Monde a choisi d’analyser les projets de programmes dans trois matières qui font débat au sein de la communauté enseignante. Si, dans chaque cas, les professeurs se réjouissent de certaines nouveautés, d’autres choix sont largement critiqués. Décryptage.
- Un programme d’histoire centré sur le politique
Facilement soupçonné d’alimenter le « roman national », le programme d’histoire est souvent pris dans des enjeux politiques, et cette nouvelle mouture ne dérogera pas à la règle. Alors que l’année de 2de s’achève actuellement par la Révolution – qui passe souvent à la trappe, faute de temps –, l’année de 1re commence au début du XIXe siècle et court jusqu’à la seconde guerre mondiale, avec des entrées thématiques très larges, comme « Le siècle des totalitarismes », ou encore « Les Français et la République ». A l’intérieur de chaque thématique, on trouve des chapitres problématisés, par exemple « Une République, trois Républiques », sur la construction républicaine en France, ou bien « Genèse et affirmation des régimes totalitaires (soviétique, fasciste et nazi) ». Le nouveau programme de 1re prévoit de couvrir l’histoire, principalement française, de la Révolution à la première guerre mondiale, avec des intitulés plus descriptifs comme « La difficile entrée dans l’âge démocratique : la IIe République et le Second Empire » ou bien « La mise en œuvre du projet républicain » (jusqu’en 1914).
Pour les professeurs interrogés, cet enseignement est trop chronologique et centré sur l’histoire de la nation. « Il n’y a pratiquement que des entrées en histoire politique, regrette Stéphane Rio, professeur d’histoire à Marseille, du SNES-FSU, alors que l’on sait que celle-ci est facilement abstraite et qu’on y perd vite les élèves. »
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