Traitement de l’endométriose : enfin de l’espoir

Longtemps taboue, cette maladie fait enfin l’objet de recherches sérieuses. Les gynécologues demandent la création de centres experts pour aider les deux millions de femmes qui en souffrent.

 Cette maladie provoque des cycles éprouvants, des troubles digestifs ou urinaires graves, ou encore des problèmes d’infertilité.
Cette maladie provoque des cycles éprouvants, des troubles digestifs ou urinaires graves, ou encore des problèmes d’infertilité. LP/Philippe de Poulpiquet

    Il aura fallu que des voix de patientes s'élèvent, que des stars s'en mêlent, scandant que se tordre de douleur pendant ses règles n'était pas normal pour, enfin, briser un tabou. Il y a cinq ans, bien peu de gens, médecins compris, ne connaissaient l'endométriose.

    Cette maladie gynécologique chronique touche pourtant - au moins - 10 % des femmes en âge de procréer. Elle provoque des cycles éprouvants, des troubles digestifs ou urinaires graves, des problèmes d'infertilité, des pertes d'énergie. Mais aujourd'hui, la recherche frémit et s'accélère autour de cette pathologie de l'intime.

    « Un dynamisme est à l'œuvre. Il est crucial de continuer tant on manque de connaissances et de ressources pour la traiter efficacement », encourage Marina Kvaskoff, chercheuse à l'Inserm. Ce vendredi, nous le révélons, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) va monter au créneau et demander à l'État de l'aide pour mettre en place des centres experts de la maladie.

    #MeToo de la douleur

    À la clé, beaucoup d'espoir. À Lyon, un traitement expérimental par ultrasons des lésions livre des résultats (mondiaux) très encourageants. Les hôpitaux de Paris (AP-HP) lancent la première étude participative sur la question. Aux États-Unis, un médicament dédié aux symptômes vient d'être approuvé par les autorités, tandis que les cellules-souches attirent l'attention des chercheurs.

    « Que de chemin parcouru », s'enthousiasme Chrysoula Zacharopoulou, présidente de l'association Info endométriose qui a mené en 2016 une grande campagne de sensibilisation. « La parole des femmes s'est libérée. Elles ne veulent plus souffrir en silence. Il se passe un #MeToo de la douleur. Et ça marche. J'observe une baisse de l'âge moyen des femmes qui viennent consulter. » Primordial quand on sait que les patientes mettent environ sept ans pour avoir un diagnostic.

    Des personnalités impliquées

    Chrysoula Zacharopoulou sait à quel point l'implication de personnalités a permis une prise de conscience : « Imany a levé le voile sur la douleur, Laëtitia Milot sur la fertilité, Lorie sur la question de la conservation des ovocytes. À chaque star, un nouvel aspect de la maladie est abordé. »

    Faut-il s'arrêter là ? Surtout pas, répond le Collège des gynécos. Comble de l'histoire, ce sont eux à qui les patientes reprochaient un manque de considération, qui sont désormais leaders pour demander au ministère de la Santé des centres experts afin d'améliorer l'accès aux soins.

    Contacté, le ministère n'a pas répondu à nos sollicitations. L'Australie, elle, vient d'adopter le premier plan national contre l'endométriose.