Le Sénat rejette la proposition d’abaisser de 24 à 18 ans l’âge pour y entrer

Les parlementaires ont voté contre l’abaissement de l’âge d’éligibilité à la haute chambre. Le Sénat reste inaccessible pour les moins de 24 ans.

 Soutenu par le mouvement « Allons enfants », André Gattolin (LREM) n’a pas convaincu les Sénateurs de voter l’abaissement de l’âge minimum d’entrée au palais du Luxembourg.
Soutenu par le mouvement « Allons enfants », André Gattolin (LREM) n’a pas convaincu les Sénateurs de voter l’abaissement de l’âge minimum d’entrée au palais du Luxembourg. LP/Guy Gios.

    Le Sénat tient à ses spécificités. Si l'Assemblée nationale et le palais de l'Elysée sont accessibles la majorité à peine acquise, la haute chambre reste fermée aux moins de 24 ans. Les sénateurs ont rejeté, mercredi, la proposition de loi organique visant à supprimer cette barrière de l'âge, portée par le sénateur des Hauts-de-Seine André Gattolin (LREM). A l'origine de la réforme : « Allons enfants », un mouvement engagé pour la promotion des jeunes en politique et né à Saint-Cloud, lors des dernières élections municipales.

    Forcément « frustré » au lendemain du rejet par les sénateurs de son initiative, l'un de ses fondateurs, Pierre Cazeneuve, dénonçait une « posture bête et méchante » et les « arguments fallacieux, dogmatiques et anti-jeunisme » de la majorité (de droite et du centre). Le jeune (23 ans) conseiller municipal d'opposition à Saint-Cloud tance : « Surtout, ne rien changer. Surtout, ne pas ancrer cette institution dans son temps… »

    Le Sénat, « Fort Knox d'une conception vieillotte »

    Guère surpris pas le rejet de sa proposition (206 contre, 128 pour), André Gattolin regrette le maintien d'une « incongruité dans le paysage politique » : « Il y a une volonté d'affirmer le Sénat comme le Fort Knox d'une conception un peu vieillotte de l'institution. Je n'ai rien contre la tradition, mais elle doit évoluer pour survivre. » Seul motif de satisfaction pour le parlementaire : le soutien de son texte par Laurent Nunez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, mercredi. Pas suffisant pour rallier la droite.

    Elle aussi élue dans les Hauts-de-Seine, et accessoirement benjamine (34 ans) du palais du Luxembourg, Christine Lavarde (Les Républicains) avait dénoncé avant le vote un « combat démagogique » et « absurde » : « Pour représenter les collectivités, il faut avoir mis les mains dans le cambouis, argumente l'ingénieure et ancienne ajointe au maire de Boulogne-Billancourt. Légiférer, ce n'est pas juste s'amuser dans un hémicycle, il faut avoir un certain bagage. »

    Un argument loin de démotiver André Gattolin, prêt à défendre à nouveau sa proposition : « On y arrivera, c'est inéluctable. C'est la tendance partout en Europe et dans le monde. »