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Finale de Coupe Davis : « Une ambiance comme ça ne se reproduira plus jamais »

Pour la dernière édition de la compétition de tennis dans son format historique, la journée de samedi à Lille a réuni tous les ingrédients qui en faisaient le succès.

Par  (Villeneuve-d'Ascq, envoyée spéciale)

Publié le 24 novembre 2018 à 21h29, modifié le 25 novembre 2018 à 09h00

Temps de Lecture 4 min.

Lors du double de la Coupe Davis, le 24 novembre, Pierre-Hugues Herbert a exhorté régulièrement la foule à donner de la voix.

On jouait depuis plus de 3 h 20, samedi 24 novembre, quand les Français Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut se procurèrent trois balles de match à 6-4, 6-4, 3-6, 5-4. Au service, Mate Pavic. A cet instant, les 20 000 supporteurs français du stade Pierre-Mauroy, à Lille, se mettent à le siffler. Réaction immédiate de leurs homologues croates, qui se lèvent de leur siège, agitent les bras dans tous les sens et commencent à brailler. On ne sait pas trop ce que ça beugle mais ça beugle. Tour à tour, l’arbitre, les joueurs et les capitaines réclament le silence. En vain.

La première balle de Pavic ne passe pas. Applaudissements français. Ulcéré, le gaucher croate se dirige vers la chaise de l’arbitre et récolte une nouvelle salve de huées. Les « Allez les Bleus » résonnent de plus belle. On ne s’entend plus. « Please, be fair to both teams », hurle l’arbitre. Dans cette cacophonie, Mate Pavic réussit l’exploit de sauver une à une les trois balles de match. Il court vers son banc, hystérique. Nouvelle bronca du public.

Finalement, le sang-froid du Croate ne suffira pas, Mate Pavic et Ivan Dodig s’inclinent 7-6 dans le quatrième set et la France, menée 2-0 vendredi soir, s’offre un sursis dans cette finale à la veille de la dernière journée.

C’est aussi ça, la Coupe Davis. Plutôt, c’était. L’an prochain, la nouvelle formule concoctée par Gerard Piqué et sa société Kosmos s’exportera en terrain dit neutre, à Madrid. Adieu chaudrons fiévreux. Adieu batailles en trois sets gagnants. Adieu, donc dramaturgie et retournements de situation comme il y en eut encore samedi. La paire française menait deux sets à zéro, eut par quatre fois l’occasion de faire le double break en début de troisième set, mais le tandem croate tint bon, se rebella et les dynamiques s’inversèrent. On ne passa pas loin d’un cinquième set.

« Ils ne connaîtront plus jamais ça »

Le contraste entre les journées de samedi et vendredi, où le public français était aussi inerte que Chardy et Tsonga sur le court, n’a pas échappé au capitaine de l’équipe de France. « Un match comme ça, on en parlait avec les gars du double, ils ne connaîtront plus jamais ça de leur vie. Ça fait quelques mois qu’on sait que c’est la dernière vraie Coupe Davis, ça a été un long débat, on n’a pas été entendu mais ça n’enlève pas le plaisir, la joie, l’honneur et l’excitation de jouer un match dans une salle pareille avec une atmosphère pareille, donc on en profite au maximum, s’est étendu le capitaine Yannick Noah. La majorité des gens qui sont là ressentent que c’est la dernière, dans les tribunes on le ressent bien. »

On vit même Noah essuyer une larme pendant La Marseillaise. « A un moment, je me suis dit que c’était peut-être la dernière fois que je la chantais. Y’a des choses qui sont remontées. J’ai pensé à ma mère. Elle était très fière que je sois capitaine de l’équipe de France. »

Après les deux défaites sans appel vendredi de Jérémy Chardy et Jo-Wilfried Tsonga face à Borna Coric et Marin Cilic, son équipe était dos au mur. Mais Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert ont su mettre de côté l’enjeu de la rencontre, portés par cette ambiance « exceptionnelle ». « On était tellement concentré qu’on ne se rendait pas toujours bien compte, mais parfois j’en avais des frissons, je sentais des vibrations, il fallait qu’on demande à Yannick de se rapprocher pour entendre ce qu’il nous disait », a expliqué Mahut.

L’équipe croate, elle, a apprécié diversement les décibels. Mate Pavic et Ivan Dodig ont jugé l’ambiance « fantastique ». « Le point culminant, ça a été à 5-4 dans le quatrième, à ce moment l’ambiance est devenue folle. Mais on a apprécié l’attitude du public durant tout le match. Jouer devant une telle foule, ça ne se reproduira plus jamais dans le nouveau format donc on se sent honorés de disputer cette dernière rencontre de Coupe Davis. »

Mate Pavic se plaint du bruit des spectateurs alors qu’il doit sauver trois balles de match, sous les yeux de son capitaine, Zeljko Krajan, le 24 novembre.

Le capitaine, Zeljko Krajan, lui, se verrait bien soulever le saladier de cette édition historique. « Dans les années à venir, les gens reparleront du dernier vainqueur de ce trophée donc ça nous donne une motivation supplémentaire. Je ne pense pas qu’on reverra 25 000 spectateurs comme aujourd’hui, ça restera gravé dans nos mémoires », a-t-il renchéri. Même si pour lui, les supporteurs français sont allés trop loin.

« On a joué une finale à domicile en 2016 [contre l’Argentine], et la règle n’a pas été appliquée de la même façon. L’arbitre ne laissait pas le jeu s’interrompre aussi longtemps à cause du bruit, sans point de pénalité. Je ne trouve pas ça juste, j’espère que demain, le règlement sera mieux appliqué. »

« La remontada du siècle » ?

Dimanche, l’équation est simple : l’équipe de France a l’obligation de remporter ses deux matchs si elle veut soulever le saladier. Au vu de la blessure de Jo-Wilfried Tsonga, victime d’une élongation à un adducteur vendredi contre Cilic, il y a peu de chance de le voir entrer sur le terrain. Lucas Pouille devrait le suppléer. Et, en cas de victoire du Nordiste, ce serait au tour de Pierre-Hugues Herbert de disputer le cinquième match décisif.

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A l’issue du double, Noah ne broyait plus du noir comme la veille. Le capitaine avait retrouvé samedi soir un semblant de sourire. Mais il est conscient de la tâche qui attend les siens. Il s’agit ni plus ni moins de « la remontada du siècle ».

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