INNOVATIONPropreté, éclairage... Aix-en-Provence mise sur le digital

Propreté, éclairage, pollution... Aix-en-Provence mise sur le digital pour réaliser des économies

INNOVATIONAprès l’installation de capteurs de données dans le centre, la ville va mailler l’ensemble du territoire pour améliorer la qualité de la vie…
Un passant devant l'Apple Store d'Aix-en-Provence. (Photo d'illustration).
Un passant devant l'Apple Store d'Aix-en-Provence. (Photo d'illustration). - : LILIAN AUFFRET/SIPA
Caroline Delabroy

Caroline Delabroy

L'essentiel

  • Aix-en-Provence table sa stratégie digitale sur des cas concrets.
  • Un réseau de capteurs en centre-ville transmet des données liées à la propreté, la pollution, l’éclairage et les flux piétonniers.
  • La ville entend les exploiter pour améliorer la qualité de la vie, mais imagine aussi en tirer des revenus financiers.

La Smart City ? Aix-en-Provence, comme beaucoup de collectivités, a son projet. Sauf que la ville n’entend pas faire du « smart washing » et afficher un grand plan aussi ambitieux que creux. Pragmatique, elle avance pas à pas, dans une direction déterminée : « Nous cherchons à maintenir et amplifier ce qui fait l’ADN de la ville d’ Aix-en-Provence, à savoir la qualité de la vie, explique Stéphane Paoli, adjoint au maire en charge du numérique. Le second objectif est d’utiliser le digital pour faire des économies et mieux gérer la ville. »

Accompagnée par Axians, la marque dédiée aux technologies de l’information et de la communication (ICT) de Vinci Energies, la ville a commencé par installer partout dans le centre-ville des capteurs. Ils sont capables de remonter en temps réel des informations sur, pêle-mêle, la pollution, le bruit, la circulation piétonne ou encore le taux de remplissage des corbeilles. Autant de données qui vont permettre à Aix d’ajuster ses politiques publiques.

Monétiser les données

« Sur l’éclairage public par exemple, le PC qui gère les 8.000 points lumineux pourra adapter l’intensité lumineuse aux usages et aux artères secondaires, poursuit l’élu. Pour la propreté, les données vont nous permettre d’optimiser les tournées, et de mieux travailler aussi sur le sentiment de propreté avec des mesures objectives. Lorsqu’on réaménage une rue ou une place, nous allons également pouvoir valider nos hypothèses et vérifier que le projet est en adéquation avec l’usage de l’espace public. »

Aix-en-Provence va bientôt entrer dans une deuxième phase, et mailler l’ensemble du territoire de capteurs. Un investissement à hauteur de 350.000 euros, avec un retour qu’elle espère payant. « Le data doit être une source de revenus pour les collectivités », estime Vincent Lemoux, directeur chez Axians Sud-Est. La ville reste propriétaire des données (toutes anonymisées), pas question pour elle de céder aux sirènes de l’Open data. « Il y a un usage auquel je rêve, pouvoir tirer de ces données des revenus financiers pour abaisser la pression fiscale sur les administrés », avance Stéphane Paoli. Si une marque internationale de vêtements veut ouvrir un flagship à Aix, pourquoi ne pas lui vendre, par exemple, des données sur la fréquentation piétonne d’une rue ?

Des enjeux de réorganisation

« Demain, il y aura des régies municipales de données », assure ainsi Vincent Lemoux. En attendant, les réalisations pour le cadre de vie des habitants restent à venir. « Nous en sommes au tout début car cela implique de croiser les donner et changer les process au sein des services », souligne Jérôme Richard, directeur des systèmes d’information d’Aix-en-Provence. Prenons le cas des poubelles, c’est une chose de connaître l’usage qui en est fait par les passants et les habitants, cela en est une autre de réorganiser les tournées, sachant qu’il y a des managers dont c’est par ailleurs le métier.

Coauteur de l’étude Audacities sur la ville numérique réelle, Mathieu Saujot estime « qu’il faut prendre un peu de distance avec l’utopie de la Smart City ». « Si on prend la pollution de l’air, ce n’est pas juste des capteurs qui vont changer les choses. A chaque fois que l’on numérise quelque chose, cela crée de forts enjeux internes. » Selon lui, dans un contexte de profusion des données, l’enjeu pour les collectivités est « d’élaborer des stratégies très concrètes. »

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