Les Veuves, de Steve McQueen, avec Viola Davis et Colin Farrell.

Prod DB © Merrick Morton - 20th Century Fox - Regency Enterprises - See-Saw Films - Film4 - New Regency Pictures / DR
LES VEUVES
WIDOWS
de Steve McQueen 2018 GB/USA
Viola Davis
Colin Farrell.
enterrement; funerailles; funeral
d'apres le roman de Lynda La Plante
based on the novel by Lynda La Plante

Les Veuves, de Steve McQueen, avec ici Viola Davis et Colin Farrell.

Prod DB-Merrick Morton-20th Century Fox-Regency Enterprises-See-Saw Films-Film4-New Regency Pictures

Marier des univers différents au cinéma, c'est comme associer sucré et salé en cuisine : il faut toujours essayer, on ne sait jamais. Le truc peut être immangeable ou regardable. Banal, jamais. Surprenant, souvent. Trois étoiles, possible. C'est ce qui arrive aux Veuves de Steve McQueen, que le cinéaste a coécrites avec Gillian Flynn. Le grand film n'est pas loin - les femmes de truands tués lors d'un casse se lancent elles-mêmes dans un braquage.

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D'un côté, il y a Steve McQueen. Artiste contemporain célébré, passé au cinéma avec Hunger, portrait sec et réussi du prisonnier et militant irlandais Bobby Sands, puis Shame, plongée radicale dans les noirceurs de l'addiction sexuelle, avant d'être oscarisé pour 12 Years a Slave, vie et destin d'un esclave noir aux Etats-Unis à l'époque de la guerre de Sécession. Le cinéaste est brillant, précis, abordant les sujets sans craindre de perturber le public par une mise en scène sèche et frontale, en adéquation avec son récit ; en tout cas jusqu'à 12 Years a Slave, son film le moins réussi parce qu'il tombe parfois dans la facilité romanesque, l'oscar en est la preuve.

Esthétisme et suspense

De l'autre, on trouve la romancière Gillian Flynn, dont le plus grand succès, Les Apparences, a été adapté au cinéma par David Fincher (Gone Girl). Elle fait partie d'une nouvelle génération de polardeux américains qui ont délaissé la politique (années 1930-1970) ou les fantasmes des serial killers (1980-1990) pour se pencher sur les angoisses d'un quotidien qui vacille. C'est parfois un peu trop fabriqué pour être réaliste mais ça fonctionne souvent.

Voilà donc Les Veuves (ah ben quand même...) qui marient l'un et l'autre : le formalisme et les péripéties, l'esthétisme et la mécanique scénaristique, le choc des images et le poids du suspense. Il faut reconnaître l'ambition de porter haut le polar, souvent réduit à un produit normé. Dans la première partie des Veuves, c'est McQueen qui gagne, tant la mise en scène élève le niveau, à ce point qu'on espère le chef d'oeuvre, frôlé en quelques séquences ambitieuses - mise en place brillante, ambiance tendue, mosaïque de personnages, tableau social, politique et intime...Petit à petit, Flynn joue des coudes pour afficher une intrigue qui frôle, elle, le prévisible à force de tout expliciter. Dommage. Mais l'expérience a été profitable et le film surclasse tout de même beaucoup de ses camarades de genre. Ouf.

Les Veuves, de Steve McQueen. 2 h 10.

La note de L'Express : 15/20

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