Tribune. Ce qu’a présenté le président de la République, en septembre, est moins un plan portant sur le système de santé pour les cinquante prochaines années qu’une série de mesures d’urgence, assorties de quelques perspectives encourageantes et d’une reformulation de mesures déjà prises, manquant de cohésion.
Il est nécessaire et possible de faire mieux rapidement. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous estimons indispensables les démarches suivantes.
Promouvoir l’équité entre les territoires. Cette dimension, traitée dans « Ma santé 2022 », mérite une dynamique plus volontariste. Elle passe par une priorité accordée à des structures régionales polyvalentes de prévention précoce et à la mobilisation des observatoires régionaux de santé (ORS), en lien avec les agences régionales de santé (ARS) et les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).
Il nous manque en effet un plan d’ensemble, élaboré conjointement par les services de l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements de soins et scolaires, les syndicats patronaux et ouvriers, les associations de patients et de protection de l’environnement. Un Grenelle de la santé, en quelque sorte.
Améliorer fortement la prévention en santé/environnement. Adopter le concept d’« une seule santé » sera un grand progrès, pour faire comprendre aux acteurs de soins, à la population et aux responsables politiques qu’il ne peut y avoir de prévention efficiente sans prendre en compte l’environnement. Cela implique la responsabilisation des entreprises industrielles et commerciales et des médias.
Mettre en action un programme de prévention à tout âge : pour les enfants, au domicile et à l’école ; les adultes, sur le lieu de travail, avec une médecine du travail renforcée et indépendante ; les sujets âgés, au domicile et en « institution », avec un programme de réforme des établissements médico-sociaux.
Mettre pleinement en œuvre les biomarqueurs sanguins et les techniques d’imagerie qui permettent de détecter précocement une maladie chronique à son stade infraclinique, bien avant l’apparition des premiers symptômes, constitue un axe de progrès majeur.
Garantir la qualité des services rendus. Cette qualité passe par une amélioration de la transmission des savoirs et du dialogue entre universitaires et praticiens de terrain et par une exploitation bien comprise des retours d’expérience. La qualité bénéficiera aussi d’un enseignement obligatoire en sciences humaines et sociales, éthique et épistémologie dans le cursus des études en santé. La santé mentale nécessite de renforcer les effectifs des professionnels qui s’y consacrent. L’accès à certains actes médicaux doit s’ouvrir à tous les infirmiers expérimentés, après examen de leurs compétences théoriques et techniques.
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