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« Implant Files » : quand le patient ignore servir de cobaye pour une prothèse de hanche

Le laboratoire Ceraver a mené des essais cliniques illégaux en implantant une prothèse de hanche d’un nouveau type, censée annihiler les infections post-opératoires.

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Publié le 28 novembre 2018 à 09h00, modifié le 28 novembre 2018 à 16h49

Temps de Lecture 8 min.

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Vitrine avec prothèses au stand Ceraver pendant le congrès de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) en novembre 2018 au Palais des Congrès à Paris.

Daniel Blanquaert n’est ni médecin ni chirurgien, mais, chaque jour, depuis son bureau de Roissy d’où il voit décoller les avions, il se rêve en cador des blocs opératoires. Le PDG de Ceraver, dont les prothèses de hanche, de genou et d’épaule made in France ont plutôt bonne réputation, est certain, en ce printemps 2011, que sa nouvelle prothèse de hanche, l’« Actisurf », mise au point par une chercheuse du CNRS avec laquelle il s’est associé, va révolutionner la médecine. Terminées les reprises d’opération pour cause d’infection. Pour la première fois, un moyen a été trouvé pour que les bactéries, ces bêtes noires des chirurgiens, ne collent pas à la tige implantée dans le corps du patient.

Les études réalisées sur des lapins sont bonnes, les greffes sur les brebis concluantes, lui a expliqué la professeure Véronique M., du laboratoire de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis. Voilà plus de vingt ans que cette ingénieure en matériaux travaille à recouvrir une prothèse en titane d’un film antibactérien. Une fois les derniers tests sur animaux effectués, les essais cliniques sur l’homme vont pouvoir débuter. Mais le patron de Ceraver ne l’entend pas de cette oreille. Ses concurrents américains et européens lorgnent sur le brevet, il ne faut pas traîner.

Daniel Blanquaert sait déjà à qui il va proposer une première mondiale : au professeur Alain Lortat-Jacob, le pape des infections ostéo-articulaire, longtemps chef de service de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Son nom, associé à celui de l’entreprise, c’est le succès assuré. Lorsque Daniel Blanquaert l’a appelé pour lui dire qu’« il serait bien qu’[il] pos[e] la première » prothèse, le chirurgien s’est bien douté « que sur le plan administratif, ça frottait un peu sur les bords », a-t-il reconnu au cours de son audition devant les enquêteurs, dont Le Monde a pris connaissance. Mais il a « la certitude » que les patients ne courent aucun risque. Il y a juste un détail : il part bientôt à la retraite, il faut donc faire vite.

Des essais cliniques sauvages

Cette contrainte d’agenda, ajoutée à l’impatience du fabricant, va transformer l’histoire en affaire judiciaire. En février 2013, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), reçoit la lettre anonyme d’un salarié de Ceraver qui dénonce des essais cliniques sauvages, réalisés dans le dos des patients et livre aussi une longue liste de prothèses commercialisées par Ceraver sans marquage CE (conformité européenne) depuis plus de cinq ans.

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