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« Gilets jaunes » : « La “France périphérique” demande à être respectée »

L’écrivain britannique David Goodhart, auteur d’une comparaison entre l’Amérique proTrump et les partisans du Brexit, analyse le mouvement populaire français.

Propos recueillis par 

Publié le 28 novembre 2018 à 12h05, modifié le 28 novembre 2018 à 14h06

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Les

Son essai The Road to Somewhere (« La Route pour quelque part », C. Hurst & Co. Publishers Ltd, 2017, non traduit) est devenu la bible des ténors du parti Les Républicains. Depuis quelques semaines, certains proches d’Emmanuel Macron l’ont lu également avec attention. David Goodhart, journaliste et écrivain britannique, fait une nouvelle analyse des clivages politiques issus du Brexit et de l’élection de Donald Trump : pour lui, au clivage gauche-droite s’est substituée une distinction anywhere/somewhere (de « nulle part »/de « quelque part »).

Quel regard portez-vous sur la protestation des « gilets jaunes » ?

Je pense que ce mouvement représente ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique » et que je nomme « ceux qui regardent le monde de quelque part », les « somewhere ». Des gens plus ancrés dans un territoire, moins mobiles, qui habitent des villages et des banlieues éloignés des métropoles. Ils ne sont pas contre l’écologie, mais ne voient pas pourquoi ils devraient porter autant le poids du combat contre les dégradations environnementales seulement parce qu’ils dépendent de leur voiture. « Pourquoi est-ce que l’écologie bourgeoise des bobos parisiens devrait être payée par les petites gens de la France périphérique ? », demandent-ils.

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Ce mouvement est-il l’expression de ceux que certains appellent les perdants de la mondialisation ?

Soyons honnêtes : les « gilets jaunes » ne sont pas les nouveaux sans-culottes. Ce sont, dans leur majorité, des classes moyennes aux revenus corrects qui peuvent s’offrir des vacances. Mais il faut comprendre que c’est une protestation aux dimensions autant culturelles, psychologiques qu’économiques à laquelle nous allons être de plus en plus souvent confrontés. Parce que dans nos sociétés le prestige et l’estime sont devenus l’apanage des sachants, ceux qui font des études supérieures dans de bonnes universités et ont des carrières valorisantes.

Comment l’expliquez-vous ?

Nous sommes en train de découvrir que nos mondes post-industriels sont moins redistributeurs. Les sociétés industrielles permettaient d’accéder à un statut social plus élevé – c’était vrai en tout cas pour les hommes, ceux qui occupaient des emplois qualifiés ou semi-qualifiés dans le secteur industriel – et ne détruisaient pas les rôles sociaux et les systèmes de croyance traditionnels. Aujourd’hui, les capacités cognitives sont devenues le nouvel étalon de la valeur du travail. Ce sont elles qui déterminent le statut social, dévalorisant ainsi de nombreux emplois et positions sociales plus ordinaires.

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