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Jocelyn Bell Burnell, grande Dame des pulsars et oubliée du Nobel

L’astrophysicienne britannique, figure de la science mondiale, a décroché presque tous les prix, sauf un. Et l’on en parle encore.

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Publié le 28 novembre 2018 à 19h00, modifié le 30 novembre 2018 à 12h19

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Mardi 20 novembre, sous la coupole, l’Académie des sciences remettait sa plus prestigieuse distinction : la Grande Médaille. Avec la classe due à son rang et l’humour dont elle ne se départit jamais, Dame Jocelyn Bell Burnell a remercié la docte assemblée pour la « magnifique et… lourde récompense » qui venait de lui échapper des mains. Elle a souligné la « gentillesse » et la « générosité » de ses pairs français et assuré à quel point, cinquante ans après la publication, en 1968, de son article annonçant la découverte des pulsars, cet honneur résonnait de façon « spéciale ».

La précision s’imposait tant l’astrophysicienne de 75 ans accumule les récompenses. « Quelques-unes », dit-elle modestement. « Elle ne peut plus les compter », corrigent ses amis. Début novembre encore, elle recevait, au cœur de la Silicon Valley et en présence du gotha du cinéma, le prix spécial Breakthrough de physique fondamentale, la plus lucrative des récompenses scientifiques (3 millions de dollars). Pour se faire une idée, l’honneur avait été ­précédemment accordé à Stephen Hawking, aux ­découvreurs du boson de Higgs ou encore à la collaboration Ligo qui avait mis en évidence les ondes gravitationnelles.

Pourtant, le prix qui l’a rendue définitivement célèbre est celui qu’elle n’a jamais décroché. En 1974, l’académie Nobel a bien honoré la découverte des pulsars. Mais c’est son directeur de thèse, Anthony Hewish, qui en a porté seul les lauriers. « Elle a toujours été très modeste, ­expliquant qu’elle n’était qu’une étudiante, qu’elle ne méritait pas le prix, mais évidemment qu’elle le méritait », a affirmé, mardi, l’astrophysicienne Françoise Combes, professeure au Collège de France. « La découverte avait ébranlé le monde de la physique, et tout le monde savait que c’était elle qui avait fait le travail, renchérit Catherine Cesarsky, présidente du projet international de radiotélescope géant SKA, à l’époque en thèse à l’université Harvard. Je ne sais pas comment le comité a pu l’ignorer. »

Le parfum de la discrimination

Dans le salon de l’Académie des sciences où elle nous reçoit, la scientifique ne s’écarte pas de sa ligne de conduite. Pas question pour elle de charger « Tony ». Elle préfère invoquer « l’époque ». « Etudiante, femme et originaire du Nord, ça faisait beaucoup », sourit-elle. Dès 11 ans, la jeune Nord-Irlandaise, qui a découvert l’astronomie en suivant son père, architecte et constructeur de l’observatoire d’Armagh, éprouve le parfum de la discrimination. Aux examens de fin d’école primaire, elle est recalée. « Dans notre comté, la note réclamée aux filles était supérieure à celle demandée aux garçons, au motif que nous étions plus matures et que nous allions toutes nous marier et cesser de travailler… Mes parents se sont battus, et j’ai pu passer. »

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