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A La Réunion, Annick Girardin apporte des premières réponses aux « gilets jaunes »

La ministre des outre-mer a annoncé des mesures, à l’issue d’une journée de dialogue tendue avec des manifestants, syndicats et élus de l’île.

Par  (La Réunion, correspondance)

Publié le 28 novembre 2018 à 20h11, modifié le 29 novembre 2018 à 07h35

Temps de Lecture 3 min.

Annick Girardin, la ministre des outre-mer, était attendue avec impatience par les « gilets jaunes » à La Réunion. Jugée tardive, son arrivée sur l’île mercredi 28 novembre, alors que la vie quotidienne de l’île est à l’arrêt depuis douze jours, a été marquée par des échanges animés avec les manifestants. Beaucoup d’entre eux ont exprimé le sentiment d’être oubliés, voire méprisés par le gouvernement. La ministre a réédité la méthode utilisée à Mayotte : elle s’est faufilée dans la foule au premier barrage, à la sortie de l’aéroport, pour écouter la population puis dialoguer.

Accueillie par environ deux mille personnes, sous les sifflets et au son de « Macron démission », elle est parvenue à se faire entendre à l’aide d’un mégaphone. « Je suis ici pour vous dire que j’ai entendu. Je sais que La Réunion souffre depuis déjà longtemps », a-t-elle déclaré au milieu d’une marée jaune électrique. Puis, dans la cacophonie, elle a distribué la parole à des manifestants, à bout, qui lui ont exposé pêle-mêle leur ras-le-bol et les difficultés de leur quotidien, dans ce département où 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, où le chômage est au plus haut (23 %) et où le niveau général des prix à la consommation est plus élevé de 7,1 % qu’en métropole. « Rendez-nous notre pouvoir d’achat ! », entendait-on.

« Vous avez raison »

« Je ne vais pas trouver les solutions toute seule. Je vais aller à la rencontre de toutes les communes si vous me laissez passer », a expliqué la ministre, qui a demandé que soit levée la vingtaine de barrages déjà érigée dans la matinée. « La Réunion est l’un des territoires les plus inégalitaires. Vous avez raison, vous avez droit à plus de justice, et on va y travailler ensemble », a-t-elle martelé. Pour ce faire, Mme Girardin a reçu à la préfecture des représentants de « gilets jaunes » dont la légitimité a par la suite été remise en cause par d’autres manifestants, avant de discuter avec les syndicats et des maires du département.

Au cours de la première table ronde, elle a annoncé qu’un site Internet, Transparence, serait créé « pour que chacun voie les dépenses réalisées à La Réunion », comme cela a été fait pour la Guyane et Mayotte. « Chaque Réunionnais doit savoir à quoi servent ses impôts », a-t-elle commenté. Le nombre de barrages routiers était toujours très important à l’issue de cette rencontre, qui a duré plus de trois heures et demie. Plus d’une trentaine était recensée dans l’après-midi, comme les jours précédents. « On attendait qu’elle nous propose quelque chose de concret », déploraient certains.

Annick Girardin a défendu les mesures gouvernementales déjà annoncées : suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers, « qui permettra de rendre aux Réunionnais 65 millions d’euros de pouvoir d’achat », revalorisation de 365 euros net par an de la prime d’activité pour les 60 000 Réunionnais qui en bénéficient, revalorisation du minimum vieillesse et de l’allocation adulte handicapé à 900 euros par mois (actuellement respectivement à 833,20 euros et 860 euros à taux plein), exonération de cotisations salariales des heures supplémentaires pour tous les salariés, « ce qui permettra un gain de 250 euros par an » ; la prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale des frais pour les lunettes, soins dentaires et prothèses auditives…

Places de crèche

Elle a également égrené des mesures spécifiques pour l’île : la création par la caisse d’allocations familiales (CAF) de 1 500 nouvelles places de crèche dans les « territoires fragiles » ; l’élaboration d’un programme pour la baisse des prix des produits alimentaires pour les tout-petits ; la multiplication des offres d’accompagnement pour les jeunes avec une obligation de formation ; des moyens supplémentaires pour les missions locales et pour l’accompagnement vers l’emploi des allocataires du revenu de solidarité active (RSA), mais aussi pour les associations de l’île et les collectivités, assortis, pour ces dernières, « d’exigence de suivi et de résultat ».

Ces mesures seront suivies par d’autres, a précisé Annick Girardin, qui a conclu son intervention en demandant une nouvelle fois que la vie reprenne le plus vite possible sur l’île : « Le mouvement n’est pas sans conséquence. Je pense aux 465 entreprises qui ont déjà demandé à bénéficier du chômage partiel pour plus de 6 000 salariés. »

Ces premières annonces, déjà votées pour certaines d’entre elles sur le plan national, n’ont pas apaisé le courroux des « gilets jaunes » réunionnais. Jeudi, une quinzaine de barrages routiers était recensée dès 7 h 30.

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