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Jean Pisani-Ferry : « Les bénéfices de la croissance se dissipent avant de parvenir aux individus »

Les tensions sociales actuelles témoignent de la difficulté à préserver le revenu individuel dans un contexte de mutation démographique, environnementale et commerciale, détaille l’économiste dans sa chronique.

Publié le 29 novembre 2018 à 05h30, modifié le 29 novembre 2018 à 09h07 Temps de Lecture 3 min.

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Manifestation de « gillets jaunes » au péage de la Gravelle, entre Rennes et Paris, samedi 24 novembre 2018.

Chronique « Tendances France ». Les analyses de la fronde des « gilets jaunes » ont surtout mis l’accent sur la répartition des revenus et prélèvements selon les catégories sociales et le lieu d’habitation. Cette lecture est pertinente, mais elle ne doit pas en occulter une autre, qui porte sur les évolutions des dix dernières années et sur ce qui se passera dans les dix prochaines.

De 2007 à 2017, le produit intérieur brut français a crû de 8 % et le revenu disponible des ménages – après cotisations et transferts – d’à peu près autant. Mais le revenu par « unité de consommation »  (compte tenu de la composition des ménages) n’a augmenté que de 1 %. Quant à la composante dite « arbitrable » de ce revenu – après les dépenses pré-engagées : loyers, assurances, etc. –, elle a baissé de 1 %.

Vieillissement de la population et changement des modes de vie ont induit un accroissement du nombre de ménages et la réduction de leur taille

Le fait est là : les bénéfices d’une croissance déjà anémique se dissipent avant de parvenir aux individus. L’explication principale est démographique : augmentation de la population, vieillissement et changement des modes de vie ont induit un accroissement du nombre de ménages et la réduction de leur taille.

L’avenir ne s’annonce pas très différent. D’ici dix ans, le nombre de seniors va augmenter de 2 millions, alors que la population d’âge actif va rester stable ; la proportion de ménages à une ou deux personnes va continuer de croître. Premier enseignement : nous aurons besoin de croissance pour simplement maintenir notre niveau de vie.

S’agissant de la fiscalité carbone, on a également mis le projecteur sur la répartition de la charge. Cette lecture, pertinente, mérite elle aussi d’être complétée par une vision d’ensemble. Si les objectifs programmés sont maintenus – et il faut au moins qu’ils le soient si nous voulons être à la hauteur de nos engagements pour le climat –, le prix du carbone va passer de 7 euros par tonne en 2010 à 45 en 2018 et 100 en 2030. Sachant que nos émissions s’élèvent à 5 tonnes par habitant, cela fera de l’ordre de 500 euros par personne et par an.

Montée en gamme de la Chine

Le calcul est grossier, parce qu’il ignore les exemptions et suppose que la taxe carbone finira par peser sur les ménages, soit directement, soit à travers les prix des produits qu’ils consomment. Il ignore aussi que la contrepartie en est la baisse d’autres prélèvements ou l’instauration de mesures de soutien à la transition énergétique. Mais l’ordre de grandeur donne une idée de l’enjeu : 500 € par personne, cela représente 2,5 % du revenu des ménages. Deuxième enseignement : la fiscalité carbone n’est pas – et ne doit pas être – un facteur de second ordre.

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