Diariata N'Diaye, fondatrice d'App-elles

Diariata N'Diaye, fondatrice d'App-elles

App-Elles

Un an après le scandale #MeToo, tout reste à faire. Les violences commises à l'encontre des femmes sont en augmentation de 22% en 2018 par rapport à l'an passé, d'après les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur. En cas d'agression imminente, le temps manque souvent pour prévenir les secours. La slameuse Nantaise, Diariata N'Diaye a pris depuis longtemps les devants en créant en 2015 l'application App-elles. En cas de danger, il suffit d'appuyer sur un bouton pour envoyer un message à trois personnes de confiance.

Publicité

La position GPS est indiquée et l'application sert également à enregistrer la scène en direct grâce au micro du téléphone. Lorsque "les anges gardiens" sont avertis, ils ont le choix entre intervenir eux-mêmes ou appeler les forces de l'ordre. L'enregistrement audio, stocké sur les serveurs de la société, peut être utilisé pour déposer plainte. En octobre, la start-up a également lancé un bracelet, couplé à l'application, pour donner l'alerte de façon encore plus rapide et discrète.

Téléchargée 8000 fois depuis son lancement il y a trois ans, l'application est disponible gratuitement. Le bracelet, lui, est vendu 29,90 euros sur le site. Ce bijou de technologie sera présenté au CES de Las Vegas en janvier prochain.

"Les victimes de violences ne sont pas un marché défend la jeune trentenaire. On cherche autant à prévenir qu'à alerter à travers App-Elles". Le service donne en effet accès aux ressources et informations utiles contre les violences faites aux femmes : Où trouver de l'aide ? À qui en parler ?

L'application donne enfin la possibilité à toutes et à tous, victimes et proches, d'échanger avec des professionnels afin de trouver des solutions concrètes face à une situation de violence. De quoi redonner confiance en la technologie.

Diariata N'Diaye du tac au tac

L'Express : Qu'est-ce qui pousse une artiste à créer une application de lutte contre les violences aux femmes ?

Cela fait dix ans que j'interviens auprès des jeunes publics grâce au Slam. Dans chaque classe où je me produis, des jeunes filles témoignent des violences qu'elles ont subies. L'idée c'est de te trouver un outil qui puisse les aider. Le smartphone s'impose naturellement.

Sans formation dans la programmation, comment fait-on pour développer de tels gadgets ?

Avec l'aide d'un chargé de projet digital ! J'ai apporté mes idées, on a rencontré des développeurs et j'ai financé la première version sur mes fonds personnels. Plusieurs entreprises du numérique nous ont ensuite rendu service. Elles avaient envie à leur tour de s'engager contre les violences faites aux femmes.

Contrairement à l'application, vous avez choisi de tarifer votre bracelet.

Plus de 10 000 bracelets ont d'abord été distribués gratuitement aux communes et région qui ont financé le projet. Les bracelets mis en ligne sont pour les personnes qui souhaitent compléter l'application. Les joggeuses sont souvent les plus intéressées.

Est-ce que des hommes peuvent utiliser votre bracelet ?

Ils peuvent oui. S'ils estiment que cela est nécessaire.

App-elles en chiffres :

8000 téléchargements

800 utilisations par mois

Disponible dans 8 pays

Publicité