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La France insoumise en pleine tourmente

L’éviction de Djordje Kuzmanovic et de François Cocq de la liste pour les européennes révèle une crise de la démocratie interne au sein du mouvement populiste de gauche.

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Publié le 29 novembre 2018 à 06h33, modifié le 29 novembre 2018 à 11h52

Temps de Lecture 5 min.

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Djordje Kuzmanovic, à Lens, le 2 juin 2017.

Parfois, les mouvements « gazeux » − selon le mot de M. Mélenchon − peuvent devenir inflammables. C’est le cas de La France insoumise (LFI), qui traverse une forte zone de turbulences. Au point de créer de vives tensions en interne, avec des portes qui claquent et des règlements de comptes par presse interposée. Le cœur du problème : le manque de démocratie interne et la difficulté d’exprimer des divergences politiques avec la direction du mouvement.

Dernier épisode en date : l’éviction de la liste pour les élections européennes de deux figures du mouvement populiste de gauche, Djordje Kuzmanovic et François Cocq. Ces deux orateurs nationaux (équivalent de porte-parole) étaient en position non éligible en vue du scrutin de mai 2019. Tous deux se réclament d’un engagement républicain, patriote et souverainiste de gauche.

Certaines sorties de M. Kuzmanovic, notamment sur l’immigration, avaient déjà fait grincer quelques dents. Mais la décision du comité électoral, présidé de fait par Manuel Bompard, dirigeant du mouvement, de le retirer de la liste a poussé ce fidèle de Jean-Luc Mélenchon à claquer la porte de LFI.

Le comité électoral a avancé plusieurs raisons pour expliquer sa décision. M. Kuzmanovic aurait ainsi « publiquement réitéré des propos considérant comme secondaires les luttes féministes et LGBT, alors qu’elles font partie intégrante de l’Avenir en commun [le programme de LFI] ». Quant à M. Cocq, c’est parce qu’il a « émis des critiques dans la presse et sur les réseaux sociaux ». Une faute, pour Manuel Bompard, qui réfute toute « purge » : « Ce n’est pas acceptable. Ces divergences doivent s’exprimer en interne. » Il continue : « Une liste, c’est un groupe de combat. La campagne sera dure, on va nous chercher des noises. Il ne faut pas tendre le bâton pour se faire battre. »

Ces justifications ont hérissé Djordje Kuzmanovic. Selon lui, cette décision révèle une crise plus profonde. « Cette décision (…) illustre les écueils de ce mouvement en même temps qu’elle rend manifeste le conflit idéologique qui le traverse de longue date, écrit cet ancien humanitaire dans une tribune publiée sur le site de l’hebdomadaire Marianne. Un an et demi après la magnifique campagne présidentielle de 2017, La France insoumise est dans l’impasse. »

« Gauchistes »

Pour M. Kuzmanovic, son éviction tient en deux raisons. D’abord un clivage politique interne à La France insoumise, qui opposerait, selon lui, les « républicains » aux « gauchistes indigénistes », du Parti des Indigènes de la République, une formation identitaire et postcoloniale au discours « ­racialiste ». « Les gauchistes ont obtenu gain de cause. C’était le grand écart entre nous et les communautaristes, Jean-Luc devait choisir une ligne », déclare encore au Monde M. Kuzmanovic. Il pointe du doigt les députés de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel et Clémentine Autain. Tous deux nient farouchement toute responsabilité dans cette décision. « Je n’ai aucun rôle dans le comité électoral et je n’ai aucune envie de m’en occuper », assure M. Coquerel, qui a organisé les rencontres des quartiers populaires, mi-novembre, où est intervenu Jean-Luc Mélenchon. « Ces rencontres n’étaient ni indigénistes ni communautaristes », insiste encore M. Coquerel. Mme Autain se défend, elle aussi, de tout rôle dans cette affaire : « On ne m’a pas demandé mon avis ! »

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