Gilets jaunes : BNP, Total, PSA... la grogne sur les salaires gagne les entreprises

Les revendications salariales se multiplient dans les entreprises au moment où les négociations annuelles ont ou vont débuter.

 Dans son appel à la manifestation du 1er décembre, la CGT réclame une hausse du Smic à 1 800 euros.
Dans son appel à la manifestation du 1er décembre, la CGT réclame une hausse du Smic à 1 800 euros. AFP/Philippe Huguen

    La colère des Gilets jaunes, le ras-le-bol fiscal avec une France championne d'Europe des impôts et des cotisations sociales ou encore la baisse du pouvoir d'achat (-0,6 % depuis début 2018) sont en train de faire monter les revendications sur les salaires dans les entreprises.

    « Le fond du fond, ce sont les salaires », a lancé Philippe Martinez, le patron de la CGT à quelques jours de l'appel du syndicat à la manifestation du 1er décembre pour le pouvoir d'achat. Le syndicat exige des réponses « précises » du gouvernement et du patronat au moment où les négociations salariales annuelles ont ou vont débuter dans de nombreuses entreprises.

    La CGT réclame notamment une hausse du Smic à 1800 euros, une prise en charge des transports par les employeurs, une TVA réduite à 5,5 % pour les « produits de première nécessité » ainsi qu'une « fiscalité juste, tenant compte des revenus »… Sur la question du Smic, Édouard Philippe a déjà opposé une fin de non-recevoir en annonçant qu'il n'y aurait pas de coup de pouce au 1er janvier.

    «Un sentiment d'exaspération»

    Mercredi, presque tous les sites de raffinage ont été affectés chez Total. Les syndicats ont appelé à cette grève pour mettre la pression sur la direction à la veille de l'ouverture des négociations annuelles sur les rémunérations, en décembre.

    Au niveau de la branche, l'ensemble des syndicats a rejeté la proposition de l'Union française des industries pétrolières (Ufip) d'une augmentation des salaires minimum de 1,5 % en 2019.

    Même chose chez BNP Paribas. Chose rare, les quatre organisations syndicales (CFTC, FO, SNB-CFE-CGC et CGT) ont appelé à la grève début décembre les 40 000 salariés de la banque. Outre des questions de réorganisation, la question des salaires focalise les mécontentements.

    À la suite de négociations annuelles sur les salaires, BNP Paribas n'a pas proposé d'augmentation pérenne pour l'année 2019. La banque a consenti une prime de 500 euros versée sous forme de supplément d'intéressement.

    Une proposition rejetée en bloc par les organisations syndicales. « Le groupe met en avant de nouvelles contraintes réglementaires pour ne pas augmenter les salaires, mais cela pèse sur la motivation et nourrit un sentiment d'exaspération », estime la CGT.

    Chez PSA, plusieurs syndicats réclament aussi une amélioration des conditions de travail et des rémunérations. « L'ambiance est très lourde, nous sommes désormais une entreprise où seulement compte la performance économique », lance Franck Don de la CFTC. Selon ce syndicat, le constructeur français est « en termes de marge et de bénéfice parmi les meilleurs de la classe mais on nous demande de faire toujours plus avec toujours moins d'effectifs ». Il demande que les salariés soient « récompensés de leurs efforts ».

    Dans les négociations salariales qui doivent débuter en janvier, la CGT va demander une hausse générale des salaires de 400 euros net par mois.

    Les salariés ont le sentiment de perdre du pouvoir d'achat

    Selon une étude du cabinet Deloitte, la hausse des salaires a atteint 2,5 % pour les cadres et 2,2 % pour les non-cadres en 2017. Dans le même temps, l'inflation a été de 1,032 %. Donc sur le papier les salariés ont vu leur pouvoir d'achat augmenter. Sauf que dans le même temps, de nombreuses dépenses contraintes (carburants, énergie, alimentaire …) ont progressé plus que l'inflation.

    Conséquence : les salariés et les ménages ont plutôt le sentiment de perdre du pouvoir d'achat et de voir les inégalités se creuser. Même la suppression des cotisations de l'Assurance chômage depuis octobre qui apporte selon Muriel Pénicaud, la ministre du Travail un gain de 300 euros pour les plus modestes risque de passer inaperçu.