Dix mille pas et plus. C’est plutôt rassurant. Il est possible de se faire des muscles tout le temps, et même à un âge avancé. C’est ce que disent plusieurs études. Dernière en date, une recherche coordonnée par des scientifiques de Navarrabiomed, le centre de recherche biomédicale de l’université de Navarre, qui vient d’être publiée dans JAMA Internal Medicine, a montré qu’une activité physique adaptée pour des personnes de plus de 75 ans hospitalisées réduit le déclin cognitif et fonctionnel, les complications, et joue sur la qualité de vie. Les activités proposées étaient des séances d’exercices de vingt minutes, pour les jambes et les bras, deux fois par jour et pendant cinq à sept jours consécutifs.
« Cette étude est intéressante, note le professeur en médecine physique et de réadaptation Gilles Kemoun, car il en existe peu qui se soient focalisées sur des programmes d’exercices en soins aigus. » Or, on le sait, les risques liés à l’hospitalisation des personnes âgées sont importants, notamment celui de l’entrée dans la dépendance.
Ces risques dépendent de la pathologie de la personne, des processus de soins, de l’environnement hospitalier, etc., sans parler des effets indésirables de médicaments, de la dénutrition – risque majeur – et du syndrome d’immobilisation. Pour limiter ce risque, il convient, entre autres choses, de promouvoir l’activité physique. Mais, dans les faits, « dans un contexte tendu en ce qui concerne les ressources financières hospitalières, les moyens sont rarement dégagés pour pourvoir à ces besoins », poursuit Gilles Kemoun.
Impact sur la qualité de vie
Il est donc crucial d’agir en amont. L’enjeu est double : lutter contre la sarcopénie (diminution de la masse musculaire), l’un des risques majeurs après 75 ans, et prévenir les chutes. Sur ce sujet, plusieurs méta-analyses ont mis en évidence que des programmes d’exercices physiques centrés sur l’entraînement de l’équilibre et le renforcement musculaire peuvent réduire significativement le taux de chutes chez les personnes âgées vivant chez elles les plus à risque, écrivait la chercheuse épidémiologiste Patricia Dargent-Molina (Inserm – université Paris-Descartes) dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de mars 2017. Elle a coordonné, avec le groupe associatif Siel Bleu, une étude d’évaluation d’un programme axé sur le travail de l’équilibre nommé « Ossébo », chez 706 femmes de plus de 80 ans en moyenne, vivant chez elles, qui ont été suivies pendant deux ans.
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