Pour leurs retrouvailles, Renault, Nissan et Mitsubishi cherchent à rassurer

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Pour leurs retrouvailles, Renault, Nissan et Mitsubishi cherchent à rassurer
Pour leurs retrouvailles, Renault, Nissan et Mitsubishi cherchent à rassurer © AFP

Temps de lecture : 4 min

Renault, Nissan et Mitsubishi ont voulu rassurer jeudi pour leur première rencontre depuis l'arrestation de Carlos Ghosn, son éviction ayant mis au jour des tensions entre Français et Japonais sur l'évolution de cette alliance entre géants de l'automobile.

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"De manière unanime et avec conviction, les conseils d'administration du Groupe Renault, de Nissan Motor et de Mitsubishi Motors ont réaffirmé, ces derniers jours, leur profond attachement à l'Alliance", selon le communiqué de l'Alliance, les trois groupes se disant "pleinement engagés" pour cet attelage formant le premier groupe automobile mondial.

Carlos Ghosn a été arrêté il y a dix jours à Tokyo et mis sur la touche de la présidence de Nissan et Mitsubishi.

Dans un message consulté par l'AFP, les patrons exécutifs des trois constructeurs ont également donné des gages aux 450.000 salariés.

"Notre feuille de route est claire et plus que jamais nous continuerons à fonctionner de façon fluide et professionnelle", assurent les trois dirigeants.

Toutes les parties prenantes "ont exprimé leur soutien déterminé et leur désir partagé de maintenir notre combinaison gagnante".

Pièces maîtresses des constructeurs japonais et français, le patron exécutif de Nissan Hiroto Saikawa et le n°2 de Renault Thierry Bolloré devaient participer à la réunion de jeudi à Amsterdam par visioconférence, selon des sources proches du dossier.

Aucun détail n'était disponible sur le déroulement de cette réunion, en milieu de matinée.

Aucune question de gouvernance ne devait être abordée et aucun vote être organisé, selon ces sources, mais derrière l'unité affichée, la mise à l'écart de M. Ghosn a révélé des divergences entre Japonais et Français sur l'avenir cette alliance, devenue numéro un mondial l'an dernier avec 10,6 millions de véhicules vendus.

Le dernier acte de ce duel à fleurets mouchetés s'est déroulé mardi, quand le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a prévenu qu'il n'était pas question de changer les grands équilibres de cet attelage, jusque-là l'un des rares exemples de mariage réussi dans l'automobile.

"Il y a aujourd'hui un partage qui me paraît le bon, il y a un équilibre qui est le bon. Il y a des participations croisées entre Renault et Nissan qui ne doivent pas changer", a-t-il déclaré sur LCI.

Le patron de Nissan Hiroto Saikawa avait, lui, déploré la veille, lors d'une réunion au siège de Nissan, les "inégalités" au sein de l'alliance. Selon lui, la répartition actuelle des pouvoirs, incarnée par l'omniprésence de M. Ghosn, empêche toute discussion stratégique entre Renault et le constructeur nippon.

Le groupe français détient actuellement 43,4 % du capital de Nissan, ce dernier possédant en retour 15 % de Renault.

Le poids de la partie française dans les équilibres internes de l'attelage est jugé d'autant plus excessif par ses membres japonais que le chiffre d'affaires de Nissan est nettement supérieur à celui de Renault.

Une stratégie à définir

L'alliance, incarnée juridiquement par la société Renault-Nissan b.v. (RNBV) basée aux Pays-Bas, est détenue à parité par les deux constructeurs.

Au sein du directoire, Renault et Nissan désignent le même nombre de membres (cinq), mais le Français nomme le PDG, qui a une voix prépondérante en cas d'égalité parfaite lors des votes.

Bruno Le Maire a d'ailleurs plaidé mardi pour que le directeur général de Renault, actuellement Thierry Bolloré, directeur exécutif par intérim, reste président de l'alliance. "Cette règle ne doit pas changer", a insisté le ministre.

Tous les partenariats industriels sont aujourd'hui assurés et ne sont pas remis en cause, d'après les prises de position répétées du côté français comme du côté japonais.

Or, si M. Ghosn est toujours PDG de la coentreprise Renault Nissan BV sur le papier, le géant est désormais sans leader et ne peut plus exercer la mission définie dans ses statuts: "élaborer la stratégie et la planification à moyen et long terme".

Parallèlement aux interrogations sur l'avenir de l'Alliance, quelques éléments ont filtré au Japon concernant l'enquête sur M. Ghosn.

Une source proche du dossier a confié à l'AFP que le patron de l'alliance avait minoré en connaissance de cause, à partir de 2009, une partie de sa rémunération après l'entrée en vigueur d'une loi l'obligeant à en divulguer le montant intégral.

Soupçonné de dissimulation de revenus entre avril 2010 et mars 2015, Carlos Ghosn s'y serait adonné dès l'exercice 2009/2010, toujours selon la source interrogée jeudi.

29/11/2018 15:24:23 -          Paris (AFP) -          © 2018 AFP