Dégâts lors de la manifestation des "gilets jaunes", le 25 novembre 2018 près de l'Arc de triomphe

Dégâts lors de la manifestation des "gilets jaunes", le 25 novembre 2018 près de l'Arc de triomphe

afp.com/FRANCOIS GUILLOT

La chaîne d'info française la plus regardée, BFMTV, engrange des scores dignes d'une fin de campagne présidentielle. Elle a carrément été la plus regardée de tout le pays mardi matin, avec 1,3 million de téléspectateurs pendant l'allocution du président Emmanuel Macron, soit une part de marché spectaculaire de 25%.

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"C'est un mouvement qui intéresse fortement le pays, plus fortement encore que ce que l'on aurait pu imaginer. Nous nous en sommes rendus compte dès la première journée de mobilisation, le 17 novembre, où on avait doublé notre audience avec 20 millions de téléspectateurs sur ce samedi", explique à l'AFP Hervé Béroud, directeur général de BFMTV.

Comme tendent à le montrer les sondages d'opinion, "visiblement les Français soutiennent massivement ce mouvement et ont envie de regarder comment il évolue, comment le gouvernement y répond, et comme en plus le bras de fer se poursuit jour après jour, l'intérêt du public ne se dément pas", commente-t-il.

Selon un sondage Opinion Way publié mercredi, 66% des Français soutiennent le mouvement. Une autre étude réalisée par Elabe montre que 75% soutiennent ou éprouvent de la sympathie pour les "gilets jaunes" (+5 points en une semaine).

Même constat chez LCI, qui a battu mercredi ses records d'audience.

Avec une émission spéciale consacrée aux "gilets jaunes", la chaîne d'info du groupe TF1 a rassemblé mercredi soir en moyenne 921.000 téléspectateurs (soit une part de marché de 4,8%), avec un pic à 1,1 million.

Cette émission, montée en 48H en partenariat avec RTL et Le Figaro, a réuni pendant trois heures autour de David Pujadas six "gilets jaunes", qui ont débattu pour la première fois en public et en direct avec deux membres du gouvernement, Emmanuelle Wargon et Marc Fesneau.

- "Curiosité" et "attente" -

LCI s'est hissée au rang de 5e chaîne nationale pour la soirée, et en tête des chaînes de la TNT (hors chaînes historiques). Une performance remarquable pour la petite soeur de TF1, qui occupe le canal 26, à l'avant-dernière place au sein de la TNT.

"C'est totalement inédit, et cela dit quelque chose du pays et de l'attente de dialogue et d'échange entre les différents protagonistes: ceux qui gouvernent, ceux qui protestent, les corps intermédiaires, que nous avons réunis sur notre plateau", dit à l'AFP Fabien Namias, le directeur général de LCI.

"On aurait tort de penser, parce qu'il peut y avoir moins de mobilisation d'un jour à l'autre, que ce mouvement se dissout. On verra quelle sera la mobilisation ce week-end, mais ce qui est certain, c'est qu'il y a une curiosité, une attente, et semble-t-il une bienveillance de la part d'une grande partie des Français à l'égard de ce mouvement, qui sans forcément revêtir un gilet jaune, le vivent par procuration, notamment en regardant les chaînes d'info", ajoute-t-il.

Plusieurs émissions de CNews, la chaîne d'info du groupe Canal+, ont elles aussi battu ces derniers jours des records d'audience ou de part de marché.

Cet engouement peut sembler paradoxal, alors même que le mouvement est né sur les réseaux sociaux et s'est en grande partie nourri d'une défiance générale à l'égard des institutions y compris des médias. Plusieurs journalistes de chaînes d'info, dont des reporters de CNews et BFMTV, ont même été pris pour cible par des manifestants, les conduisant à porter plainte.

"Ces incidents sont inacceptables et nous portons plainte à chaque fois, mais il ne faut pas confondre des violences liées à quelques-uns et l'ensemble du mouvement. Cela n'empêche pas les gens de regarder notre chaîne pour s'informer et nos journalistes de continuer à travailler sur le terrain", indique M. Béroud.

"Les médias sont souvent chahutés en ce moment, souvent à tort, mais nous avons montré que l'on peut réunir des gens qui semblent très hostiles et les faire dialoguer ensemble", renchérit Fabien Namias.

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