Financement du Grand Paris Express: les départements refusent de payer plus

L’Etat souhaiterait ponctionner une partie des droits de mutation (frais de notaire) pour payer les surcoûts du supermétro.

 Le chantier de la gare Saint-Maur/Créteil du Grand Paris Express est juste en contrebas du talus du RER .
Le chantier de la gare Saint-Maur/Créteil du Grand Paris Express est juste en contrebas du talus du RER . LP/Laure Parny

    Ils iront. Mais promettent, dans un communiqué commun diffusé ce jeudi soir, de tout refuser en bloc.

    Ce vendredi, les présidents des départements franciliens se rendront à une réunion organisée par les ministres de la Cohésion des Territoires et des Transports. Le gouvernement souhaiterait mesurer « l'opportunité » d'un prélèvement des droits de mutation à titre onéreux pour sécuriser le financement du Grand Paris Express. Or, ces « DMTO » sont l'une des principales recettes des départements, qu'ils tirent des frais de notaires...

    Selon le courrier d'invitation reçues par les présidents de département, comme ces DMTO « sont liés à la valeur crée par le projet » - c'est-à-dire augmentent grâce à la construction du Grand Paris Express - ils pourraient servir à combler le trou de 100 M€ par an dans le financement du supermétro.

    « Pas question »

    « Pas question », pour les départements. « Cette ressource nous permet de financer les dépenses de prestations sociales pour lesquelles l'Etat ne nous aide pas, s'insurge Stéphane Troussel, président de la Seine-Saint-Denis. La méthode est d'autant plus cavalière que les transports ne sont même pas une compétence des départements ».

    « Nous nous engageons déjà très largement sur les transports en commun et nous, nous payons », poursuit Christian Favier, président du Val-de-Marne, citant notamment les 120 M€ pour financer le T9. « On marche sur la tête, Ce n'est pas à nous de payer pour les dérapages de coût du Grand Paris express », s'emporte François Durovray, président de l'Essonne, dont la ligne 18 a en plus été décalée de plusieurs années.

    Début 2018, le coût du Grand Paris Express a été réevalué. Il est passé de 20 à 38 Md€. Pour trouver comment le financer, le Premier ministre a confié une mission à Gilles Carrez, député du Val-de-Marne. Ce dernier préconise notamment de trouver 250 M€ supplémentaires par an, en augmentant certaines taxes ou en prélevant certaines ressources.

    Mi-novembre, l'Assemblée nationale a ainsi adopté deux amendements. Le premier met en place une taxe additionnelle de 15 % à la taxe de séjour, pour gagner 20 M€ de plus par an. Le second prévoit une « modernisation » de la taxe sur les bureaux, avec notamment une hausse de 10 % pour ceux situés en zone 1 (en gros, Paris et les Hauts-de-Seine). Soit une recette de 120 M€. Encore loin de 250 M€ par an nécessaires...

    Les départements lancent la fronde alors même qu'ils ont appris mardi qu'un autre projet avait augmenté de 22 % : le prolongement de la ligne 14 sud coûtera 500 M€ de plus.