Études en sciences dentaires: examen d’entrée déstabilisant à plus d’un titre
Un comité d’experts a scanné la formation en sciences dentaires, dispensée en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il pointe les dérives de l’examen d’entrée.
- Publié le 30-11-2018 à 08h28
À la demande de l’Agence pour l’évaluation de la qualité de l’enseignement supérieur (AEQES), un comité d’experts a ausculté les trois filières en sciences dentaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles: le master en sciences dentaires est organisé à l’UCLouvain, l’ULiège et l’ULB.
En novembre 2017, les experts se sont rendus dans chaque établissement. Seule la première année d’entrée en vigueur de l’examen a été scannée en détail. Examen qui a donné lieu à de solides critiques.
Une des trois filières menacée
Rentrée académique 2014-2015: 763 étudiants inscrits en 1re bachelier en sciences dentaires. Rentrée 2017-2018: 49 étudiants seulement. Le décret non résident a réduit à 30% le nombre d’étudiants non belges et l’examen d’entrée a fait le reste: 49 jeunes sur 479 ont réussi l’épreuve, soit 10,23%.
La mise en place de l’examen d’entrée est une source potentielle de bouleversements majeurs, à la fois quantitatifs et qualitatifs, précise le rapport intitulé «Analyse transversale des études de Sciences dentaires en Fédération Wallonie-Bruxelles».
Le nombre de lauréats (49) est même légèrement inférieur au nombre de quotas de numéros Inami que le gouvernement fédéral a prévu de délivrer dans cinq ans, lorsque cette cohorte d’étudiants sera diplômée.
Vu le peu d'étudiants inscrits dans chaque université (15, 23 et 11), le comité d'évaluation «estime que la mise en place de l'examen d'entrée dans les conditions actuelles est de nature à menacer, à brève échéance, la viabilité d'au moins un des programmes parmi les trois constituant l'offre de formation en sciences dentaires».
Concours et numerus clausus
Le comité suggère de remplacer l’examen d’entrée par un concours assorti d’un numerus clausus pour éviter les fluctuations imprévisibles du nombre d’étudiants d’une année à l’autre, car elles posent problème en termes de dotations financières et de gestion pédagogique des programmes.
Le contenu de l’épreuve fait également l’objet de recommandations notamment pour faire évoluer leur contenu. La première partie qui porte uniquement sur des matières scientifiques (chimie, physique,..) renforce la tendance qu’il faut avoir le profil «scientifique» pour entreprendre ce type d’études «alors qu’un éclectisme plus équilibré serait souhaitable» selon les experts.
La seconde partie de l’examen, qui explore la dimension humaniste de la pratique médicale et dentaire, serait plus problématique. Les capacités attendues n’étant pas enseignées dans le secondaire, elles relèvent donc d’apprentissages sociaux ou domestiques. Cela contribue à sélectionner des jeunes issus de milieux socioprofessionnels ou culturels, particuliers, globalement plus favorisés, soulignent les experts. Et puis demander à des jeunes de faire preuve de qualités qu’ils sont censés acquérir au fil de leurs études, cela n’a guère de sens.