Stanislas Guerini, le «bon garçon» de la République en marche

La République en marche (LREM) devrait porter, ce samedi, à sa tête, le député de Paris, archi favori face au seul autre candidat en lice, Joachim Son-Forget.

 Stanislas Guerini, quelques instants après avoir déposé sa candidature pour la direction de La République en marche.
Stanislas Guerini, quelques instants après avoir déposé sa candidature pour la direction de La République en marche. LP/Yann Foreix

    Stanislas Guerini a déjà été chef d'une organisation : le Bureau des élèves (BDE) d'HEC. « C'était plus festif », s'amuse un ex-camarade. Tout au long de sa scolarité, il s'est aussi fait élire délégué de classe. Diriger La République en marche (LREM) est une autre paire de manches.

    « Manager extraordinaire », « bosseur », « l'enthousiasme fait homme »… L'unanimité qu'il suscite chez ses proches en serait presque suspecte. « Vous ne trouverez personne pour dire du mal de lui », balaie l'un d'eux. Son grand ami, et directeur de campagne, Adrien Taquet précise qu'« il est plus complet, complexe, qu'on ne le pense ».

    Demeure cette interrogation récurrente : Guerini serait-il trop tendre, trop lisse, trop peu connu, pour « cheffer » et boxer contre les poids lourds de l'opposition? Le père de famille de 36 ans évacue la question : « On a un président qui personnalise suffisamment. Et le débat ne nécessite pas forcément d'être un cogneur. » L'un de ses amis lui reproche toutefois « de ne pas savoir être méchant ». « Il faut qu'il se Griveaux-ise! »

    Au début des années 2000, c'est à Cédric O, désormais conseiller à l'Elysée, qu'il ravit la présidence du BDE d'HEC, mais il en fait son secrétaire général. Ils sont amis depuis. L'histoire se répétera-t-elle avec Pierre Person, comme lui député de Paris, qui a sérieusement songé à se présenter ? À voir. Les tensions des dernières semaines ont laissé des traces.

    Dirigeant d'une PME

    Sourire et bonnes manières en bandoulière – « C'est un bon garçon », s'amuse un proche – Guerini laisserait-il le soin à ses amis de faire le sale boulot pour lui ? « Pierre Person s'est fait cartonner, confie un Marcheur, mais pas par Stanislas. » Lequel n'aime pas entendre dire qu'il y aurait eu « pressions » et « verrouillage » par sa bande.

    Du conseiller spécial du président, Ismaël Emelien, dont il fut le témoin de mariage et inversement, Guerini a retenu ce conseil : « On n'est pas là pour singer ce qui s'est fait avant. » Il vante son expérience d'entrepreneur dans les énergies renouvelables, raconte les insomnies, lorsqu'il a failli déposer le bilan avec 30 salariés en 2010-2011. « Il a dirigé une PME pendant huit ans », notaient, comme un atout, les haut gradés de la Macronie lors de la bataille avec Person.

    Plus politique que son CV ne le laisserait penser? Avant même de déposer officiellement sa candidature, le député a discrètement rencontré François Bayrou, au QG du MoDem. Ces derniers temps, il a aussi beaucoup parlé Europe avec les uns et les autres.

    Cet ancien du lycée Henri IV a rencontré la politique dans les livres, en écoutant des discours, des débats. Ex-abonné du Parc des Princes, il confie : « Entre un match du PSG et une émission politique, je choisirai toujours l'émission politique. » Jeune, il se rêvait un jour maire. « Pas de Paris », rit-il.

    De Strauss-Kahn à En Marche !

    Dans son panthéon, il y a Michel Rocard, « la réforme à bas bruit, à hauteur d'hommes ». Il a suivi Pierre Moscovici de loin. Dominique Strauss-Kahn, de près. Etudiant, la note de l'ex-ministre « Pour l'égalité réelle » fut « une révélation ». « C'est un homme de conviction, il aura forcément des états d'âme à la tête de LREM, quand il va devoir avaler les couleuvres du président », glisse le député PS, Dominique Potier, qui l'a côtoyé pour la loi PACTE.

    À HEC, Guerini demande une « dérogation » pour faire son stage au think tank « À gauche en Europe ». On y œuvre à la candidature de DSK à la primaire PS perdue de 2006. Son voisin de bureau se nomme Ismaël Emelien. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, est là aussi. Comme Cédric O. Adrien Taquet n'est pas bien loin. Se nouent des amitiés « fortes et anciennes ». Une bande soudée. C'est eux qu'Emelien rappelle, fin 2015, pour créer En Marche ! et s'embarquer, façon commando, dans la présidentielle 2017.

    « Rue de la Planche, il a vu, relève l'un de ses aînés, que la politique, ce n'est pas que le débat d'idées mais aussi le rapport de forces. » Ses amis mettent également en avant son expérience d'animateur (il a joué les chauffeurs de salle le soir de la victoire, au Louvre) pendant la campagne, de député (il a hésité à briguer la tête du groupe LREM à l'Assemblée nationale).

    Suffisant? Après une campagne sous les radars, faute d'enjeu, Stanislas Guerini doit prendre, ce samedi, la tête du parti présidentiel - encore en chantier - en pleine période de houle. Et alors qu'approchent des échéances électorales bien délicates. L'un de ses vieux amis l'a averti : « Tu ne vas pas t'amuser tous les jours. »